Exilés afghans-Anne Delassus, Annotations sur pages de garde

Litanie pour Un oiseau aux ailes repliées Paris 2020. Inédit
Traduction du persan d’Afghanistan Zarmina Safi, Nassrullah Youssoufi, Anne Delassus

j’ai jeté un œil à l’heure de l’allemagne
chaque souvenir comparable à la flamme d’une bougie
bonjour avec respect
loufoque
malappris 
trompé
le trajet les embûches pauvres de nous
dans ce monde stérile je suis comme un ballon de foot
au printemps de ma vie je ressens la vieillesse
un jour on est devant le mur qui ruine nos espoirs
pourquoi suis-je réfugié
mes cendres
je te rends triste
je vais mettre cette bouteille dans ton derrière
ne dis pas de poésie
bénédiction sur ta vie
oh cœur
tu ne partiras qu’avec trois mètres de toile
une hirondelle s’évade
si tu possèdes donne
c’est cent fois mieux d’être généreux que d’aller faire le hadj en arabie
où qu’il se trouve le voyageur
je pensais que c’était la ville des bons 
chers frères et sœurs n’ouvrez pas la page suivante
habitant
larmes
débordement
perles noires
ma ghazni antique
mon quartier plus beau que le paradis
j’ai versé l’eau sur les mains de mon père
tu m’as dit la promesse est dans le printemps 
ma mère aux yeux
sept ans d’errance
le plus grand chagrin de ma cité
allez encadrer vos photos avec les os de ma poitrine
balkh bâmiyân kaboul spinbordak djalalabâd
mazâr kandahâr hérât maïmâna lachkargâh
istalif ghazni paghmân mehterlam keshem
tourment
grâce
répit
mes petits écrits en souvenir pour les autres
patrie tu as retrouvé ta liberté réjouis-toi
si jamais tu devenais zoroastrien
pathétique
nuit
mauvais-sang
n’emporte pas la souffrance tel un trésor
avant que je ne meure voici mon conseil
tant que j’aurai du souffle
chaque cœur sa tristesse sa fin
le pays des autres
rossignol ne m’appelle pas sayeed libère-moi de cette cage
celui qui va à l’école
la valeur d’être
avoir la force de quelque chose
remède
confiance
connaissance
au printemps des amoureux est l’audace
dieu cher
que veux-tu que je fasse de la violette moi j’aime la rouge
waïe waïe leili est si jolie
inaccessible leili
sourire
miroir
touffeur
un soir dans tes yeux
je tête tes lèvres que tu le veuilles ou non
dans chacune de tes larmes je vois une part de moi
jardin
prairie
rideau
en pleurant j’ai cueilli des fleurs
quand mon amoureuse fait l’orgueilleuse je me sens fichu
rendez mon cœur joyeux 
je vous le demande sérieusement.